On a mangé nos moutonsLe Kirghizstan, du berger au biznesman pdf merger

Le Kirghizstan est une sorte d anti Chine qui apr s l effondrement de l URSS a choisi la lib ralisation conomique et politique Quelques ann es plus tard ce pays ne produit plus rien et d veloppe une d pendance tr s forte l gard de l ext rieur et de l aide internationale en particulier La principale ressource l levage du mouton a t totalement d cim e par les r formes propos es par les grandes institutions internationales Lamin s par la privatisation et abandonn s par Moscou les Kirghizes font aujourd hui de l ouverture une strat gie tr s subtile pour capter et se r approprier toutes formes de ressources pouvant venir de l ext rieur travers une enqu te de terrain minutieuse Boris Petric d crit non sans humour les multiples rencontres parfois cocasses et souvent teint es d incompr hension entre la population locale et toutes les bonnes volont s trang res venues les r former ONG fondations philantropiques agences internationales et de nombreux missionnaires en tout genre tentent de peser sur la r organisation de cette soci t Cet ouvrage nous interpelle face la multiplication de ce type de soci t de trafics dans le contexte de la globalisation On a mang nos moutonsLe Kirghizstan du berger au biznesmanPour autant qu on n en maltraite pas l orthographe l image du Kirghizstan qui pr vaut est celle d un petit pays tribal exotique blotti au pied du Pamir peupl de bergers vivant sous des yourtes Contrairement aux r publiques centre asiatiques voisines dirig es depuis l ind pendance par des despotes plus ou moins clair s Karimov en Ouzb kistan Nazerbaev au Kazakhstan et Rakhmonov au Tadjikistan cette Suisse de l Asie centrale a connu une r volution des tulipes et des alternances politiques qui la rapprocheraient des d mocraties occidentales L anthropologue Boris Petric bat en br che ces clich s Le milieu qu il d crit n est pas un paradis du bout du monde mais un pays au c ur des processus de globalisation L ind pendance en 1990 plus subie que voulue l a compl tement d boussol Les usines ont t d mantel es les sovkhozes et les kolkhozes privatis s les troupeaux de moutons dont la laine alimentait l industrie textile sovi tique d cim s R sultat le Kirghizstan ne produit plus rien et n a eu d autre choix que de se transformer en soci t de trafic Cette extraversion oblig e s exprime deux niveaux et s incarne dans deux figures la base on trouve l environnement r gional et le biznesman Boris Petric s int resse moins aux relations avec le g ant chinois dont les produits inondent les bazars de Bichkek et dont les populations sont de plus en plus visibles qu celles avec le grand fr re russe L ind pendance a entra n le d part des Russes qui ne faisaient pas confiance au projet du pr sident Akaev visant cr er une maison commune et s alarmaient de la politique nationaliste mise en uvre kirghizisation de la fonction publique g n ralisation de l apprentissage du kirghize l cole valorisation d un pass national mythifi Ils repr sentaient la majorit de la population la fin des ann es 1980 et n en repr sentent gu re plus de 10 % aujourd hui ce premier exode succ de un second celui des Kirghizes eux m mes partis chercher en Russie des opportunit s conomiques que leur pays en crise ne leur offre plus Ces migr s en butte au racisme des Russes ne partent pas d finitivement l instar des trabendistes maghr bins ils multiplient les allers retours Leurs petits trafics sont l origine des fortunes amass es au pays par les biznesmen qui explique l auteur entament souvent une carri re politique pour s curiser leurs affaires Au second niveau se situent la communaut internationale et le demokrat Boris Petric d crit non sans humour un pays qui pour complaire aux bailleurs de fonds s est converti la bonne gouvernance Conform ment aux prescriptions des agences de d veloppement obs d es par l mergence d une soci t civile par e de toutes les vertus des ONG locales surgissent par milliers Mais cette efflorescence t moigne moins d une vitalit de la repr sentation sociale que du d sir de capter l aide ext rieure M me d voiement de l obsession d mocratique du c t de la communaut internationale des lections sont organis es dont le formalisme satisfait scrupuleusement les normes de l ONU et de l OSCE mais l esprit d mocratique fait encore d faut comme le montrent l inconsistance des programmes politiques les achats massifs de voix et la transhumance des lus Boris Petric a lui m me particip la supervision des lections de mars 2005 par l OSCE lections qui ont conduit la destitution du pr sident Akaev Il a t frapp par le manque de neutralit des observateurs loin de rendre compte impartialement du processus lectoral ils esp raient vivre une nouvelle r volution de couleur apr s celles qui s taient d roul es en G orgie et en Ukraine L ouvrage de Boris Petric donne voir du Kirghizstan une image d barrass e des fantasmes qu il suscite Ce petit pays lointain est un laboratoire du global politique Comme d autres tats en transition aussi diff rents que le Mont n gro le Timor oriental ou le Rwanda il a d s ouvrir aux trafics commer ants comme aux id es occidentales Loin d tre la victime passive d une nouvelle forme de domination imp riale il sait tirer parti de la transnationalisation du monde au mieux de ses int r ts 2701165040